"Le Naulahka" de Rudyard Kipling

Combien j'ai aimé ? 3/10
Résumé : Tarvin, un jeune politicien américain, passe un marché avec la femme du directeur des réseaux ferroviaires. Il lui promet de lui ramener un fameux collier en diamants des Indes si celle-ci influence son mari pour que la train passe par Topaze, la ville où tarvin aimerait se faire élire.
Kate, fille du maire actuel de Topaze et amie d'enfance de Tarvin, veut se dévouer à la cause des femmes en Indes, leur venir en aide, les soigner. Elle n'a pas pu devenir médecin car ses parents ont refusé de lui payer ses études, indignes d'une fille de bonne famille, mais elle a obtenu de suivre des études d'infirmières.
Pour suivre sa passion, Kate part en Inde. Tarvin, amoureux d'elle, la suit pour chercher le collier en diamants par la même occasion.
Sur place, Tarvin entre rapidement en contact avec le Maharadjah local et en apprend un peu plus sur le Naulahka, le nom du fameux diamant noir qui orne le collier de cérémonie.

Mon avis : en deux mots, j'ai trouvé ce roman raciste et mysogine.
Raciste car le comportement des blancs vis-à-vis des indigènes est tout à fait odieux, Tarvin "botte les fesses" de ses valets pour les remercier. Mais aussi parce que les descriptions des personnages indiens sont toutes négatives. Le Maharadjah est drogué à l'opium à longueur de journée, la reine est une empoisonneuse, le fils du maharadjah, âgé de 10 ans, égorge une chèvre pour s'amuser, le préposé au télégraphe dort sur son lieu de travail, le responsable de l'hopital où Kate travaille est un incompétent, et les autres personnages sont soit fourbes, soit sales, soit traîtres...
Mysogine car toutes les femmes du roman sont dévalorisées d'une façon ou d'une autre. Kate, l'héroïne, qui vit son rêve de soigner les malheureux, abandonne au bout de 2 mois en disant que c'est trop difficile (he ben... pas dbeaucoup de persévérance la petite). La reine est une bohémienne (en Inde ?), empoisonneuse qui essaie d'assassiner Tarvin, mais qui est amoureuse de lui en même temps !! Et la femme du directeur des réseaux ferroviaires est vénale. Quant aux autres femmes, elles sont à peine évoquées, confinées qu'elles sont dans leur palais ou dans leur rôle de maîtresse de maison.

Tarvin est aussi un personnage détestable. Flambeur, arrogant, sans gêne, il se prend pour un cow-boy, le maharadjah l'admire pour son adresse à cheval et au revolver (il troue une pièce lancée en l'air, la scène revient plusieurs fois dans le roman).

En plus de tout ça, j'ai relevé quelques détails qui soulèvent quelques questions. L'action est censée se passée en Inde, pourtant on parle de femmes voilées, il ne me semble pas que les femmes soient voilées en Inde, la religion bouddhiste ne les y oblige pas. Un rendez-vous se déroule dans le désert... où rôde un tigre ! Pour ceux qui se posaient la question, les tigres vivent en forêt, pas dans le désert. Bref...

J'avais lu ce livre, il y a 10 ans déjà. J'en gardais un très bon souvenir ! Mais là... peut-être que je n'avais pas vu ce côté caricatural des personnages décrits par Kipling, mais il faut avouer que le scénario aurait pu être intéressant (une histoire de diamants en Inde !), s'il n'avait pas été gaché par ces descriptions si coloniales des habitants de l'"Hindoustan", cette histoire à l'eau de rose digne d'un autre temps et où certaines situations s'enchaînent sans logique.

Enfin dernier reproche, le débat sur la situation de la femme dans la société à cette époque est abordée lors d'une conversation entre Kate et son prétendant. Tarvin lui suggère que d'attendre son mari assise dans une belle robe au coin du feu est une situation très enviable. Kate lui réplique que les femmes ne veulent pas toutes restées à la maison et que certaines souhaitent faire quelques chose de leur vie. Mais cela ne change rien, Kate abandonne ses beaux rêves, se marie rapidement avec Tarvin (qui en profite avant qu'elle change d'avis) avant de quitter l'Hindoustan rapidement.

Mais la morale est sauve !! (décidément Tarvin est un homme bien...) Il avait réussi à s'emparer du collier, mais pris de remords, il le rend à sa propriétaire et tant pis, pour sa carrière politique (de toute façon, il a quand même été élu alors qu'il était en Inde...).

Bref, un roman qui m'a beaucoup étonnée, je me suis demandée si Kipling était sous l'influence du colonialisme (le roman a été écrit vers 1880) pour écrire de telles choses, ou s'il cherchait à faire une caricature. Je me pose toujours la question.

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